Les collectivités locales doivent-elles s’inquiéter de la remontée des taux d’intérêts en 2021 ?

Les collectivités locales doivent-elles s’inquiéter de la remontée des taux d’intérêts en 2021 ?

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La peur de l’inflation accélère la remontée brutale des taux d’intérêt à 10 ans.

Depuis le début de l’année la remontée des taux longs (10 ans) s’est considérablement accélérée. Ce qui s’est traduit par une remontée des rendements des emprunts obligataires (bons du trésor), jusqu’à 1,55%.

Cette hausse est due en grande partie à la peur du retour à l’inflation (hausse des prix, hausse des matières premières, …). Ce mouvement est une des conséquences directement liées à l’injection massive de liquidités (planche à billets) pour faciliter la relance de l’activité économique.

I – Quelles conséquences pour les collectivités locales ?

La moindre évolution de la courbe des taux d’intérêts influe directement sur la section de fonctionnement et la section d’investissement d’une collectivité locale.

Au niveau de la section de fonctionnement :
  • 1. L’accroissement des taux d’intérêts signifie l’augmentation des charges financières de la section de fonctionnement,
  • 2. L’augmentation des charges financières induit la diminution des marges de manoeuvre budgétaires et financières de la collectivité,
  • 3. Moins de marges de la section de fonctionnement implique plus de difficultés à dégager de l’autofinancement brut,
  • 4. La diminution de la capacité d’autofinancement limite le volume des investissements et augmente le recours à l’endettement.

La remontée des taux d’intérêts accroît davantage la rigidité de gestion de la section de fonctionnement, augmente les difficultés de gestion de la trésorerie et diminue la capacité d’investissement de la collectivité.

Au niveau de la section d’investissement :
  • 1. L’augmentation des taux d’intérêts rend plus élevé le coût de réalisation des investissements,
  • 2. Le financement de nouveaux programmes d’investissement incite à davantage de prudence quant au recours à l’endettement,
  • 3. Le financement de nouveaux programmes d’investissement incite à davantage de prudence quant au recours à l’endettement (capacité de désendettement),
  • 3. Plus les taux longs augmentent et moins les collectivités locales pourront financer leurs investissements compte tenu des incertitudes économiques post covid-19.

Un mouvement haussier des taux longs a pour conséquence immédiate de diminuer le volume des investissements réalisés, à moins d’anticiper les risques encourus et de prendre les précautions nécessaires.

II – Quelles précautions à prendre pour anticiper le(s) risque(s) ?

Les effets de la crise du Covid-19, conjugués à une augmentation des taux d’intérêts, nécessitent la plus grande vigilance quant aux choix de gestion d’une collectivité. Anticiper le risque devient alors un enjeu majeur. Pour ce faire, il y a lieu de prendre quelques mesures, notamment :

  • 1. Prendre en compte l’inflation, lors des différentes commissions finances, débats d’orientations budgétaires, précédant le vote du budget primitif,
  • 2. Couvrir le(s) risque(s) (risque de taux, risque de change) à l’aide d’instruments de couverture (options, swap, …),
  • 3. Motiver le choix du mode de financement des investissements (différents types d’emprunts, refinancement et gestion active de la dette, …),
  • 4. Procéder à des arbitrages budgétaires entre les dépenses actives et les dépenses passives,
  • 5. Adapter le phasage des investissements plutôt par programme que par opérations.
Une question reste cependant en suspens : compte tenu de la conjoncture économique actuelle (ralentissement de l’activité), pourra-t-on contenir la hausse de l’inflation et éviter un choc financier au sein des collectivités locales ?

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